Image

Faire face à ses émotions : une clé pour le bonheur.

Conférence du Vénérable Lama Gelong Sangyay Tendzin donnée à Ipoh en 2018.

Bonjour à tous. Je suis très heureux et honoré d’avoir cette opportunité de partager quelques mots avec vous. Laissez-moi avant tout exprimer ma gratitude à chacun de vous d’être ici aujourd’hui, offrant un peu de votre précieux temps dans le but de développer la sagesse.  

Je souhaite remercier tous ceux qui ont contribué à cela, avec un sincère sentiment de gratitude envers la congrégation de nonnes, dont la pratique soutenue du Bouddha Dharma nourrit le maintien de l’éthique, visible dans le magnifique temple qui nous accueille aujourd’hui.

En observant notre assemblée, je vois trois catégories de personnes :

D’abord, bien entendu, les membres d’honneur de la Sangha ordonnée qui ont pris de sérieux engagements envers l’Eveil, faisant de ces engagements les parures de leur vie ;

Ensuite, des Upasakas et Upasikas qui ont parcouru quelques étapes vers la libération individuelle ;

Enfin les pratiquants laïcs, les chefs de famille, qui cherchent à développer plus de clarté et d’harmonie dans leur vie.

Le sujet d’aujourd’hui s’adresse à chacun de nous, quels que soient notre motivation personnelle et notre

engagement.

La principale difficulté que nous rencontrons pour atteindre nos objectifs est la manifestation d’émotions et notre incapacité à y faire face alors qu’elles prennent le contrôle sur notre esprit.

Disons que nous souhaitons aller quelque part, et que nous nous embarquons dans un voyage pour nous retrouver pris dans les embouteillages sur la route : ceux parmi nous qui ont tendance à s’agacer rapidement pourraient s’énerver et réagir sévèrement, au point de générer une lutte émotionnelle intense ;

D’autres pourraient ravaler leur frustration, patienter pendant les embouteillages car on ne peut rien y faire ;

Toutefois, certains d’entre nous pourraient observer leurs ressentis, comprendre leurs causes, saisir l’opportunité du retard causé pour pratiquer la patience et par exemple prier pour ceux qui sont incapables de faire avec.

En fait, il existe beaucoup de formes de luttes émotionnelles très difficiles à porter ; notre bonheur est constamment en danger. La liberté spirituelle dépend de comment nous gérons cela.

Le Seigneur Bouddha Sakyamuni a partagé la méthode pour dépasser nos problèmes émotionnels, en appliquant le procédé quadruple connu sous le nom des Quatre Nobles Vérités :

La Vérité de la souffrance, qui amène à simplement identifier le problème ;

La Vérité de la cause de la souffrance : identifier la cause du problème, notre avidité à être le premier et notre manque de patience conduisant à une situation chaotique ;

La Vérité de la cessation de la souffrance : mettre fin au problème, générant la volonté de le résoudre ;

La Vérité de la Voie : ce qu’il faut appliquer pour réussir.

Dans notre petit exemple, le trafic est très mauvais et pour autant nous sommes un des véhicules qui causent ces embouteillages ;

Identifier la cause : nous refusons de voir notre impatience et nous réagissons en attribuant la cause aux autres.

Cela ne mettra pas fin à notre problème, alors nous sommes coincés !

Pour atteindre la Vérité de la Cessation, le Seigneur Bouddha a déclaré le besoin de suivre l’Octuple Noble Sentier.

Ainsi, développer la “Bonne pensée”. Comme il est dit dans la psychologie moderne, nous devons développer une pensée sélective en changeant notre attention.

Nous devons abandonner la pensée négative et adopter la pensée positive. La pensée négative signifie poursuivre des pensées subjectives qui trouvent leur source dans les cinq émotions conflictuelles : la colère, l’orgueil, le désir, la jalousie et l’ignorance.

Nous devons détourner notre attention des pensées négatives vers les pensées positives.

En faisant ainsi, un changement s’opère, physiquement et mentalement.

Comment faisons-nous cela ? Cela peut être effectué facilement en appliquant la “Juste compréhension”.

Tous les problèmes émotionnels viennent du fait que nous regardons les choses sans analyser notre esprit. Une simple observation de notre esprit et de nos ressentis nous conduit à voir comment nous sommes rapidement piégés par ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas. De là, nous en venons naturellement à la conclusion que la seule solution est de nous détendre.

Ces émotions négatives se manifestent parce que nous tentons d’ignorer, de combattre ou de supprimer ces émotions ; nous développons une lutte mentale, et ainsi, nous les empirons au lieu de simplement les accepter et travailler avec elles.

Plutôt, les émotions peuvent être vues comme des signaux d’urgence qui nous disent qu’il est temps de regarder la cause de notre souffrance, et d’analyser ce message. Demandez-vous : “Comment ça va ?”, et observez votre esprit !

Bouddha donna ensuite une solution plus approfondie lors du second Tour de la Roue. Bouddha Sakyamuni montre du doigt le fait que tout phénomène perçu est la démonstration du vide de Shunyata ou vacuité, et nous invite à reconnaître notre nature de Bouddha.

La souffrance vient s’accrocher à ce qui est impermanent et illusoire ;

L’esprit est comme le ciel, très spacieux ;

Les émotions sont comme les nuages. Ils se manifestent et pourtant ne peuvent affecter l’espace ou le ciel.

Nous avons souvent tendance à faire face à la réalité relative en se basant sur des affirmations ultimes et avons tendance à donner un sens parfait aux phénomènes, qui changent sans cesse. D’un autre côté, quand nous avons besoin d’évaluer l’Ultime, ce que nous ne pouvons parvenir à faire qu’à travers le processus de la méditation, nous nous concentrons alors totalement mentalement, et inévitablement nous essayons d’amener l’Ultime à l’intérieur des limites de concepts relatifs.

La méditation, c’est embrasser tout en ne faisant rien, juste “être” au lieu de “faire”. Rester reposé dans la Conscience. Je vous invite maintenant à vous asseoir paisiblement pour quelques instants, et à remettre en cause l’expérience de votre état émotionnel actuel en examinant votre esprit.

Nous allons maintenant faire une courte pause. Ensuite, j’évoquerai les émotions quand elles se manifestent dans la pratique du Dharma. Une session de Questions & Réponses suivra. Je vous invite à préparer vos questions.

Le Dharma est un mot composé de plusieurs couches de significations, mais l’un des sens principaux est “Transformer”.

La clé dans le Dharma est de s’entraîner afin de parvenir à transformer notre expérience, plutôt que de suivre notre tendance à tout solidifier, à vouloir tout contrôler.

Il y a plusieurs façons de comprendre comment pratiquer le Dharma. Certaines personnes pensent à faire une pratique formelle, d’autres pensent à étudier les textes secrets ou les doctrines philosophiques, certaines pensent à méditer. Ainsi, il y a un intérêt authentique à définir ce que pratiquer le Dharma veut dire.

Dans la tradition du Tibet, il y a de grands maîtres qui ont insisté sur le fait que notre pratique spirituelle ne doit pas être rigide dans la manière ou l’attitude, se tenant exclusivement à ce qui a été établi, à ce que nous savons. Toutefois, cela demande vraiment un examen plus profond alors que nous progressons sur différents niveaux de pratique, le Dharma est un outil. A un certain niveau, cela équivaut à utiliser un outil de pouvoir. Cela doit avoir un sens et doit être utilisé de manière significative, avec un contrôle parfait de sa Conscience.

Beaucoup de personnes viennent à penser qu’elles veulent pratiquer le Dharma. Souvent, cela signifie pour elles changer leur comportement en apparence, comme faire des prosternations, porter un mala, réciter des mantras. Ils peuvent croire que les autres les imaginent pratiquer le Bouddha Dharma.

Pour certains, il y a le défi de définir sa propre identité en tant que Bouddhiste. La question qui vient est “Suis-je une bonne personne”. En s’examinant réellement, nous arrivons à un défi réel. Un Bouddhiste est quelqu’un ayant dépassé le besoin de notoriété d’être une bonne personne. Ainsi, penser à soi comme un Bouddhiste peut lourdement impliquer du faux-semblant et de la tromperie. Nous devons être très attentifs à cela.

For some people, there is a challenge in defining one’s identity as a Buddhist. The question comes to be “Am I a good person”. Truly examining oneself, we come to have a real challenge: A Buddhist must be someone who has achieved prominence in being a good person. So, think of oneself as a Buddhist can be heavily involved in pretence and deceit. One must be careful of this. 

Il existe de nombreuses émotions, mais elles se réduisent à trois : l’hostilité, le désir et la confusion.

Nous pouvons reconnaître facilement le désir, mais trouver difficile de le voir comme conflictuel. La confusion est l’émotion la plus difficile à reconnaître. Pour appliquer les remèdes, nous devons procéder par étapes.

D’abord, nous devons voir laquelle de ces émotions est prédominante et utiliser notre faculté d’attention rétrospective.

En observant la colère de cette façon, par exemple, alors la colère n’est plus une chose difficile à gérer mais elle devient un sujet d’observation. Ainsi, nous en venons à nous observer et à comprendre les différents aspects de nos émotions à travers notre expérience personnelle, plutôt qu’à travers le conseil d’une autre personne. Il s’agit de notre propre décision, pourtant nous ne pouvons prendre le problème trop sérieusement.

It comes to our own decision, yet we cannot take the problem too seriously. Le sens de l’humour est souvent très utile dans ces cas-là.

Nous pouvons nous autoriser à adopter une attitude joueuse pour vaincre nos émotions. Nous pouvons nous lancer ce défi, mais nous pouvons aussi échouer. Cela est ok car il s’agit seulement d’un moment d’entraînement sur le chemin de la victoire. Le processus peut prendre plusieurs années, ainsi il est important de NE PAS se sentir découragé et abandonner l’objectif.

Le temps est maintenant venu de répondre à quelques questions. Le planning donne du temps pour cinq questions.

Dédions le mérite de cette rencontre au bénéfice de tous.


darker banner footer 1142px v4

Copyright© by Swiss Religious Association TNG-Suisse. All rights reserved.